Abstract
A la fin du XIXe siècle, presque deux cents enfants du Sénégal ont reçu des bourses métropolitaines, qui les ont permis de suivre les cours dans un lycée ou un collège de France, de la Tunisie, ou de l’Algérie. Leurs parents ont dû choisir un correspondant qui habitait près de l’école. Le correspondant devait assurer le paiement des frais de l’école, subvenir aux besoins de l’élève, et surveiller des sorties occasionnelles. Cet article examine les relations entre les correspondants et les boursiers sénégalais, et les réseaux transatlantiques qu’elles ont produits. Il se concentre surtout sur l’histoire d’un boursier qui s’appelait Durand Armstrong, dont le père était en communication fréquent avec son correspondant. L’article prétend que les relations entre boursiers et correspondants ont compliqué les fractures sociales de la colonie. Ces élèves étaient donc des intermédiaires, qui, grâce à leurs réseaux, leur éducation, et leur mobilité, ont pu remettre en cause les catégories sociales coloniales.